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#ilEstBoMonBuro : rencontre avec Lauryne Lemosquet

Rencontre avec Lauryne Lemosquet, ingénieure de la donnée chez Atos pour la mission « Lac de données », au service de l’Institut national de l’audiovisuel.

Février 2020

Arrivés à Bry-sur-Marne, à peine sortis du bus 520, nous sommes frappés par la multitude des bâtiments de l’INA qui nous entourent. Lauryne vient nous guider jusqu’à son bureau, aménagé en open space, à deux pas de celui de Gautier Poupeau, son ancien tuteur de stage devenu le client pour qui elle travaille.


Lauryne, une des rares anciennes du master à être employée dans le secteur privé, commence par nous présenter la société de prestataire Atos pour laquelle elle travaille. Inscrite au CAC 40 et regroupant près de 120 000 collaborateurs dans le monde, Atos est une entreprise de services du numérique (ESN) spécialisée dans le domaine de la cybersécurité, des métiers de la donnée et des supercalculateurs. Elle y travaille en tant qu’ingénieure de la donnée pour le projet « Lac de données » de l’INA : en quoi cela consiste-t-il ? L’ingénierie de la donnée s’attache à la maîtrise des flux de données. À la croisée du data analyst et du développeur, l’ingénieur de la donnée connaît suffisamment les données sur lesquelles il agit pour pouvoir donner des solutions au développement de l’application.


La mission fondamentale de Lauryne est donc de comprendre les spécificités dites « métier » du client pour aider à la réalisation de son projet. Elle est d’autant mieux placée que sa deuxième année de master a fait l’objet d’un stage à l’INA autour d’une donnée patrimoniale bien précise : les interprétations musicales. Lauryne est ainsi consciente de l’un des principaux problèmes rencontrés par l’INA qui, dès 1995, a pour mission de collecter le flux audiovisuel français issu du dépôt légal d’une part, et les archives professionnelles d’autre part, comprenant notamment les exploitations commerciales. Cette double collecte donna lieu à deux systèmes d'informations, ce qui rend les données non homogènes et plus difficilement interrogeables. Le Lac de données consiste donc en la fusion des deux systèmes en un modèle conceptuel s’inspirant du graphe. En résumé, il s’agit d’extraire les données sources, les transformer puis les injecter dans plusieurs modèles physiques qui sont autant de déclinaison du modèle conceptuel défini pour l’INA. Pour ce, Lauryne utilise le logiciel Talend qu’elle a eu l’occasion de nous montrer. Une fois harmonisées, les données sont intégrées dans une base de données relationnelle pour favoriser la migration, base de données qui est ensuite transformée en base de données document et en moteur de recherche. Les données sont alors exploitables en externe pour les chercheurs et le grand public, en interne pour les documentalistes, les techniciens, le service juridique et de captation.


Ce qui fut peut-être le plus marquant dans cet entretien passionnant, c’est de comprendre comment des profils atypiques comme les nôtres, avec un pied dans les humanités, un autre dans le numérique, peuvent devenir des atouts dans le domaine de la gestion des données. En effet, via son expérience, Lauryne nous explique comment la connaissance fine qu’elle a pu acquérir des données de l’INA lui sert au quotidien pour détecter au plus vite les éventuels problèmes d'intégration. Si elle est une des rares au sein de ses collègues à en pas avoir fait une école d’ingénieur, Lauryne nous raconte comment elle a su convaincre ses futurs employeurs à son entretien d’embauche : la logique n’est pas réservée aux disciplines mathématiques, car les disciplines littéraires ou propres aux sciences humaines nous apprennent aussi à réfléchir autour de problématiques en exposant
un raisonnement cohérent.


Toutefois, en restant chez Atos, Lauryne sait qu’elle ne sera pas amenée à manipuler des données uniquement liées à la culture et au patrimoine, mais elle garde le choix de ses missions.
Finalement, cette rencontre fut particulièrement enrichissante car elle nous a montré les besoins divers et nombreux autour de la gestion des données, que ce soit dans le secteur privé ou public, le domaine patrimonial ou non. Notre formation n’en ressort que plus utile et riche en perspectives.

Maxime Challon, Edward Gray, Gwenaëlle Patat